Interviews

Matthew Parker-Jones à propos d’une approche équipe Canada des paiements

Nous avons récemment discuté avec le nouveau membre du Conseil d’administration de Paiements Canada, Matthew Parker-Jones, de sa passion pour les paiements. Il a discuté de ses priorités en tant que premier vice-président, Transactions bancaires mondiales à la Banque Scotia, ainsi que de l’importance d’adopter une approche collaborative du type équipe Canada pour offrir des capacités de paiement plus vastes qui suivent le rythme des autres pays du monde.


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Matthew Parker-Jones headshot
Matthew Parker-Jones
vice-président, Transactions bancaires mondiales
Banque Scotia

Tout d’abord, félicitations pour votre nomination au Conseil d’administration de Paiements Canada. Pouvez-vous nous dire ce qui vous a amené à solliciter ce poste?
Merci beaucoup, c’est un privilège de me joindre au Conseil.

Ce qui m’y a attiré est une combinaison de trois choses : Tout d’abord, je me passionne pour les paiements – il s’agit d’un produit on ne peut plus universel que tous les Canadiens connaissent bien. Nous les utilisons tous au quotidien. Nous sommes tous payés, nous faisons tous des paiements, nous achetons tous des tasses de café, nous payons Netflix, nous payons notre loyer ou notre prêt hypothécaire. Tout le monde comprend intrinsèquement en quoi ils consistent, et il y a là quelque chose de puissant et de démocratique.

Deuxièmement, je collabore avec Paiements Canada depuis de nombreuses années à divers titres. J’ai déjà siégé au Comité consultatif des membres et à d’autres comités sectoriels, où je me suis familiarisé avec les grands enjeux et les grandes possibilités que nous essayons de saisir en tant que secteur. Je crois essentiel que le Canada demeure un chef de file mondial dans le domaine des paiements et que Paiements Canada y joue un rôle essentiel.

Enfin, nous sommes à un tournant important pour notre pays alors que nous progressons sur la voie de la modernisation de l’écosystème des paiements. À l’occasion du SOMMET de 2024 de Paiements Canada, j’ai mentionné que le Canada était à la croisée des chemins, et je le crois sincèrement. Nous avons connu quelques difficultés au cours des dernières années, mais il faut maintenant aller de l’avant. Nous devons de nouveau être à l’avant-plan du domaine des paiements du Canada, le transformer et veiller à ce que nous disposions de la bonne infrastructure pour demeurer une économie dynamique et productive.

Comme j’ai travaillé au sein de banques mondiales et que je dirige maintenant les produits de paiement à la Banque Scotia, je me réjouis à l’idée de contribuer à bâtir une infrastructure de paiement dont nous sommes fiers en tant que pays, mais qui nous propulse aussi vers de nouveaux sommets au sein de notre groupe de pairs mondiaux.

Vous avez mentionné votre rôle à la Banque Scotia. Quelles sont ses priorités actuelles en matière de paiement?
Les paiements sont un élément très important de la Banque Scotia et une priorité clé de notre stratégie d’entreprise sous la direction de notre président et chef de la direction, Scott Thomson. L’excellence des paiements est essentielle pour établir des relations bancaires principales, ce qui nous aidera à devenir le partenaire financier en qui les clients ont le plus confiance.

Au sein des Transactions bancaires mondiales à la Banque Scotia, quatre grandes priorités sous-tendent notre stratégie. Premièrement, nous voulons nous assurer d’offrir d’excellents produits de paiement et de gestion de trésorerie dans tous nos marchés. Nous devons nous assurer d’offrir les bons produits pour soutenir nos clients, qu’il s’agisse d’une petite entreprise au Canada ou d’un grand client multinational qui exerce ses activités partout où nous sommes présents. Cela comprend accroître nos capacités de gestion de trésorerie aux États-Unis, ce qui est primordial pour nous. En tant que banque multinationale, j’ai beaucoup de chance de voir ce qui se passe dans le secteur des paiements de Toronto à Santiago, ce qui rend chaque jour très excitant.

Notre deuxième priorité est d’établir des liens entre nos marchés pour qu’il soit plus facile pour nos clients de faire affaire avec nous. Prenons l’exemple d’un fabricant d’automobiles qui mène des activités dans le corridor de libre-échange entre le Canada, le Mexique et les États-Unis. Mon travail consiste à m’assurer qu’il lui est le plus facile possible de percevoir, de gérer et d’envoyer de l’argent dans ces trois pays. C’est là que des initiatives comme ISO 20022, dont Paiements Canada s’est fait le champion, sont extrêmement importantes parce qu’elles fournissent une norme de message, ou un langage commun pour les paiements. Il est important de veiller à ce que le Canada participe à ces initiatives, car cela garantit notre contribution à l’économie mondiale et notre pertinence en éliminant les frictions dans le flux des échanges commerciaux internationaux.

Nous nous concentrons également sur la résilience et la stabilité. À cette fin, la cybersécurité est l’une de nos priorités absolues, et nous nous assurons que tout ce que nous faisons est sécuritaire et solide. Nous consacrons beaucoup de temps et d’investissement à nous assurer de disposer d’une cybersécurité de calibre mondial, de mesures de protection contre la fraude et de stabilité pour protéger les activités de paiement de nos clients.

Enfin, nous demeurons résolument axés sur le client tout au long de ce processus. Je conseille toujours à mes équipes de ne pas créer de produit dans le but d’attirer des clients. Elles doivent plutôt en créer avec leurs clients, collaborer et innover avec eux.

Notre stratégie en regard des paiements consiste à nous assurer que nous mettons d’excellents produits à la disposition de nos clients, à approfondir la connectivité partout où nous menons des activités et à le faire d’une manière sécuritaire et axée sur le client afin de créer de la valeur.

Selon vous, quelles mesures à court terme pouvons-nous prendre pour que le Canada demeure un environnement de paiement dynamique et attrayant? Qu’en est-il à long terme?
Ce sujet me tient à cœur, et je peux penser à quelques mesures. En tant que Canadiens, nous pouvons être un peu repliés sur nous-mêmes; nous avons tendance à rivaliser et à nous comparer entre nous. Il est très important que nous soyons continuellement à l’affût de ce qui se passe en dehors de nos frontières. Cela nous rappelle qu’il y a beaucoup d’innovation et de leçons apprises, mais aussi que notre pays est en position de concurrence au sein de l’économie mondiale.

Deuxièmement, c’est une chose d’avoir une excellente idée, mais 90 % du succès, sinon 99 %, résident dans l’exécution. Les résultats comptent. C’est à cet égard que nous avons parfois eu de la difficulté en tant que pays, et cela a contribué à retarder des initiatives sectorielles. Nous devons absolument nous concentrer sur les réalisations, tout en célébrant nos réussites.

Lorsque vous avez parlé sur la scène principale du SOMMET de 2024 de Paiements Canada, vous avez préconisé la collaboration au sein de la communauté des paiements. Plus précisément, le secteur des paiements au Canada doit fonctionner comme Équipe Canada. Comment cet état d’esprit profitera-t-il à l’écosystème des paiements?
Nous devons lever la tête et nous rendre compte que le Canada est un pays dans une grande économie mondiale. Nous devons réfléchir à notre façon d’être concurrentiels et de nous présenter en tant que Canadiens. L’infrastructure des paiements est essentielle au fonctionnement de notre économie et à l’attraction d’investissements étrangers. C’est aussi un critère important lorsque les entreprises technologiques, les banques et d’autres entreprises internationales choisissent où elles vont investir et où elles vont implanter des entreprises.

Il est important de nous assurer de fonctionner comme un seul et même pays. Il faut donc travailler ensemble pour offrir un environnement de paiement solide et limiter les obstacles à l’entrée en facilitant le plus possible l’interaction et l’utilisation de nos systèmes de paiement. À mon avis, cela fera grossir le gâteau pour tout le monde au lieu de débattre de la façon de le partager. Si le gâteau grossit, les gens cessent de penser autant à la taille de leur part, parce que tout le monde en profite. Je pense qu’un changement de perspective, qu’adopter une approche équipe Canada et que réfléchir à la « façon de faire grossir le gâteau pour tout le monde » sera à l’avantage du pays.

Au cours des derniers mois, le secteur des paiements au Canada a commencé à collaborer davantage en tant qu’« une seule équipe », et nous constatons déjà quelques belles réussites tandis que nous remettons le cap vers le système de paiement en temps réel.

Y a-t-il autre chose dont vous aimeriez faire part à nos lecteurs?
C’est une période vraiment excitante pour Paiements Canada et pour les paiements au Canada. Je crois que l’optimisme est de mise pour tout le monde. L’avenir des paiements au pays est très prometteur, alors que nous continuons d’améliorer notre écosystème grâce aux progrès de la technologie, de l’infrastructure et des politiques pour offrir des solutions de paiement plus efficaces.

La présentation principale de Matthew et d’autres éléments de fond sont disponibles sur demande :

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