Pleins feux sur un conférencier du SOMMET : Dave Birch, de Consult Hyperion
On parle beaucoup des monnaies numériques depuis un certain temps, et ce sera d’ailleurs l’un des grands sujets du SOMMET. À l’approche du plus grand congrès sur les paiements au Canada, nous avons demandé à Dave Birch, conférencier fort attendu, de nous donner un avant-goût de sa conférence sur le sujet et son avis sur l’évolution des entreprises de technologie financière.
Dave Birch a une impressionnante feuille de route. Directeur de l’innovation et ambassadeur mondial pour Consult Hyperion, il est également auteur, consultant et analyste reconnu dans le monde des services financiers numériques. The Financial Brand l’a récemment nommé parmi les 10 personnes les plus influentes de l’écosystème bancaire, et le magazine Wired l’a cité comme l’une des 15 meilleures sources d’information financière.
Nous sommes impatients de vous entendre au SOMMET. Pouvez-vous nous donner un avant-goût de votre conférence du 1er juin 2021?
Je présenterai les options concrètes qui s’offrent à nous pour lancer une monnaie numérique, et j’expliquerai pourquoi le Canada aurait intérêt à prendre l’initiative dans l’évolution mondiale de cette nouvelle avenue.
Vous êtes reconnu comme une sommité mondiale dans le monde des entreprises de technologie financière. À quels nouveaux projets participez-vous?
Ces derniers temps, mon travail porte sur deux sujets : la monnaie numérique – et les portes qu’elles ouvrent aux différents acteurs de l’écosystème (je pense entre autres à des travaux très intéressants sur l’évolution des marchés réglementés d’actifs numériques) –, et les réflexions récentes qui se font autour de l’identité, de l’authentification et des autorisations dans un contexte numérique. Je m’intéresse particulièrement à ce qui se fait du côté des justificatifs d’identité et des preuves. C’est passionnant de travailler sur ces sujets en ce moment; il y a tant de volets à couvrir dans différents pays et secteurs – j’ai participé à des projets au Royaume-Uni, aux États-Unis, en Asie, et bien sûr, au Canada! J’ai donné des webinaires sur les systèmes bancaires ouverts en Chine, sur la cryptomonnaie en Afrique et sur l’identité numérique en Australie. Malgré la pandémie, je réussis donc à avoir une bonne vue d’ensemble de la situation mondiale.
Par ailleurs, j’ai été nommé président du conseil d’une entreprise en démarrage du Royaume-Uni qui fait dans l’Internet des objets. J’explore donc de plus près les débouchés dans ce secteur.
J’ai aussi écrit pour le magazine Forbes un article où je rapporte les propos du président et chef de la direction de JPMorgan Chase, Jamie Dimon. Quand ce dernier a affirmé que sa banque devrait trembler comme une feuille devant ses rivales des technologies financières, il a cité non seulement PayPal, Square, Stripe et Ant Financial comme concurrents, mais aussi les entreprises technologiques de solutions financières (ou « techfins ») Amazon, Apple et Google. Il a également souligné que la bataille des paiements devrait être la priorité des priorités pour les banques.
En effet, si modèle d’affaires du futur repose sur les données, les paiements constituent la grande majorité des interactions entre une banque et ses clients.
En s’attaquant à cette forteresse, les entreprises technologiques de solutions financières ne s’intéressent pas à l’argent (la marge de profit sur les paiements diminue de plus en plus), mais aux données. Elles sont plus qu’heureuses de laisser les banques s’occuper, par exemple, de ce travail fastidieux, peu rentable et risqué, avec tous les casse-têtes réglementaires que ça implique.
Les entreprises technologiques de solutions financières veulent que les banques s’occupent de l’architecture pendant qu’elles prennent le contrôle de la distribution. Peu subtile, cette stratégie aura d’importantes conséquences, car si les entreprises technologiques de solutions financières deviennent des intermédiaires entre les clients et les banques, ces dernières finiront par être obligées de partager les profits, et, plus grave encore, les données. Pour BofA Securities comme pour d’autres banques, si les acteurs non bancaires du secteur privé arrivent à leurs fins, ils mettront la main sur un trésor considérable : la mine de données clients qui n’est pas exploitée pleinement par les banques.
L’avenir des paiements se joue donc sur le remplacement du profit en argent par le profit en données, si j’ose dire.
D’après votre grande expérience des paiements au 21e siècle, quelles sont les tendances mondiales en la matière?
Je pense qu’il y a trois grandes tendances dans le secteur des paiements.
Tout d’abord, il y a l’encadrement réglementaire, qui crée une nouvelle dynamique en raison du développement des systèmes bancaires ouverts et de la pression de démocratisation du secteur financier.
Ensuite, la pression du monde des affaires amène de nombreuses entreprises à revoir leur stratégie. Elles sont en effet de plus en plus nombreuses à réaliser que les données transactionnelles sous-jacentes aux paiements sont plus importantes dans bien des modèles d’affaires que la marge sur les paiements. Ici, le potentiel de création de valeur est réel et imminent pour les entreprises de technologie financière et les entreprises technologiques de solutions financières.
Enfin, il y a les constantes avancées technologiques d’un trio que j’ai déjà pointé du doigt sommairement (et superficiellement) : les chaînes de blocs, la biométrie et les robots.
Selon vous, quel rôle le SOMMET joue-t-il pour stimuler ces échanges?
Le SOMMET devrait être des plus intéressants : le Canada est à l’avant-garde dans de nombreux secteurs névralgiques et j’y vois l’occasion de mettre en commun les expériences de différents pays et d’en apprendre davantage. Les paiements instantanés et les systèmes bancaires ouverts sont deux domaines où le Royaume-Uni a joué un rôle de pionnier et a développé son expertise, non toutefois sans faire d’erreurs. Aujourd’hui, j’ai envie d’en savoir plus sur la nouvelle génération de paiements instantanés, les systèmes bancaires ouverts et les initiatives d’identité numérique, des domaines où le Canada prend les devants. Et je me demande aussi, si je reparticipe au SOMMET dans quelques années, ce que vous aurez à m’apprendre sur les monnaies numériques!