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Vivek Bajaj d’IBM explique la façon dont les nouvelles technologies et la collaboration transforment les services financiers

Ce n’est un secret pour personne que l’intelligence artificielle (IA), la technologie de réglementation et blockchain suscitent un grand enthousiasme. Ces technologies transformatrices sont déjà utilisées pour s’attaquer à certains des plus grands problèmes du secteur financier, dont la prévention de la fraude et la conformité réglementaire.

Vivek Bajaj, vice-président mondial des solutions pour les services financiers Watson d’IBM, a souligné que ces technologies n’ont pas de valeur intrinsèque, à moins qu’elles ne servent à résoudre des problèmes précis. Nous avons rencontré Vivek après son discours principal dans le cadre du SOMMET de Paiements Canada 2018 pour en savoir un peu plus sur la façon dont ces nouvelles technologies et approches de collaboration façonnent l’écosystème financier.

Selon vous, quelles possibilités l’accès à des données plus riches offre-t-il au secteur financier?
Il y a beaucoup de points à prendre en considération lorsqu’il est question de l’utilisation des données. Comme je l’ai mentionné dans mon discours, il existe quelques histoires d’horreur, par exemple dans le cas de Facebook et de Cambridge Analytica, où les politiques en matière de protection des renseignements personnels n’étaient pas appliquées de manière efficace, ce qui a entraîné une mauvaise utilisation des données. Il y a aussi des situations où les gens sont obsédés par l’analyse des données et par la découverte de tendances.

Le changement le plus important que j’ai observé au cours de la dernière année est l’approche « moins c’est plus », c’est-à-dire le fait d’être à la fois plus restreint et plus précis dans ce que l’on essaie de résoudre. Cela signifie également qu’il faut s’éloigner des grands laboratoires d’IA. Si vous mettez de 20 à 30 scientifiques des données dans une pièce avec n’importe quelle technologie, ils peuvent tout faire. L’important est de garder à l’esprit qui sera l’utilisateur final, tel que le dirigeant principal de la conformité, le dirigeant principal de la gestion des risques et le dirigeant principal du marketing. Ce sont ces utilisateurs finaux qui doivent être en mesure d’interagir avec la technologie de façon significative, en se fondant sur des données de production réelle.

Les autres considérations importantes sont la capacité d’interagir avec les systèmes existants et de mettre l’accent sur la production rapide de valeur. Ce que j’entends par valeur rapide, c’est qu’il y a peut-être cinq ou sept ans, il y avait beaucoup d’argent dans les données d’entreprise, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Ce qu’il vous faut à l’heure actuelle, c’est une approche souple fondée sur des sprints qui offrent une valeur opérationnelle directe.

Selon vous, comment une organisation financière pourrait-elle utiliser l’IA au sein de son entreprise?
Je peux vous donner l’exemple d’IBM où nous utilisons deux approches. Tout d’abord, nous avons créé un bac à sable destiné à la technologie de réglementation, dont la portée est étroite en ce sens qu’il ne s’agit pas d’un bac à sable d’IA complet. Ce bac à sable vise à traiter des cas d’utilisation très précis liés aux crimes financiers et à la conformité aux règlements, où les clients peuvent utiliser certaines de nos solutions préétablies pour voir immédiatement la valeur.

Avec les cas d’utilisation en main, la prochaine étape est ce que nous appelons un sprint cogni, qui est essentiellement un sprint de six à huit semaines, en utilisant les données réelles au niveau de la production que vous appliquez à une zone particulière. À cette étape, vous pourriez utiliser la solution de gestion de la conformité réglementaire Watson pour déterminer si les solutions de sortie vous aident réellement à respecter vos obligations. Si la réponse est oui, la prochaine étape pourrait être de passer à votre prochain niveau de réglementation.

Dans votre discours principal, vous avez donné des exemples d’utilisation de blockchain et du rôle que joue la collaboration dans le secteur financier. Pouvez-vous nous en dire davantage à ce sujet?
L’application de blockchain à la gestion de la chaîne d’approvisionnement n’est pas sorcier. Par exemple, cette technologie est utilisée pour vérifier l’authenticité des diamants en provenance d’Afrique. Il y a ici une conjonction parfaite, car le processus d’exportation implique de nombreux intermédiaires et est riche en documents, et cette industrie fait l’objet de beaucoup de fraudes.

Dans le monde des services financiers et des paiements, j’ai mentionné dans mon discours le lancement de la plateforme de paiement universel d’IBM, qui est conçue pour exécuter des paiements en temps réel à l’aide d’une chaîne de blocs, environnement basé sur Hyperledger. Nous commençons à voir certains clients adopter déjà cette technologie des paiements. J’ai aussi donné l’exemple de WeTrade et de la Banque centrale de Singapour. À Singapour, ils facilitent un environnement partagé permettant aux banques d’échanger des renseignements de connaissance de la clientèle. Par exemple, ils diront que Vivek est mon client, mais qu’il veut aussi devenir un client de l’un de nos concurrents. Dans le passé, les banques ne partageaient jamais cette information, mais elles ont constaté que Singapour a une petite population et que la plupart des gens qui y vivent ont des comptes avec plus d’une banque. Elles se sont rendu compte que si une banque a réussi à recueillir des renseignements de connaissance de la clientèle, ceux-ci peuvent être utilisés par une autre banque et s’avérer précieux.

De mon point de vue, je suis convaincu que le type de collaboration que nous voyons autour de l’utilisation de blockchain a finalement fait comprendre aux gens la valeur de la collaboration, parce que ce n’est pas comme si vous cédiez vos bijoux de la couronne ou tout autre secret. Tout ce que vous faites, c’est réduire les coûts opérationnels et améliorer la sécurité et l’efficacité en collaborant. En fait, votre clientèle augmentera. Dans le cas de WeTrade, une banque belge peut faire du commerce en Pologne. Elle pouvait probablement le faire dans le passé, mais ce n’était pas rentable.

Visionnez le discours principal de Vivek Bajaj, How cognitive, regtech and blockchain are transforming financial services, à l’occasion du SOMMET de Paiements Canada 2018 (en anglais seulement).

 

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