Wise : La modernisation de la réglementation des paiements aidera la relance économique au Canada
Nick Catino, directeur des politiques et des campagnes (Amériques) à Wise (anciennement TransferWise), discute de la nécessité de moderniser la réglementation des paiements au pays, notamment le cadre de surveillance des paiements de détail et la Loi canadienne sur les paiements, pour donner aux Canadiens de nouvelles options de paiement sûres, abordables et pratiques.
Comment la modernisation des paiements aiderait-elle les Canadiens en ces temps de pandémie?
La « modernisation de la réglementation et de l’infrastructure des paiements » sonne peut-être comme du jargon technique, mais il n’en reste pas moins qu’il s’agit de l’une des plus importantes initiatives de politique financière que le gouvernement puisse mener. Les paiements sont le volet des finances le plus utilisé par les consommateurs chaque jour. Les gouvernements auraient donc intérêt à se donner la même mission que la nôtre, ici à Wise : rendre les paiements instantanés, pratiques, transparents et avec le moins de frais possible. La modernisation des paiements sera un pas dans la bonne direction, qui contribuera en plus à la santé financière des Canadiens et les aidera à garder plus d’argent dans leurs poches.
Pour que les Canadiens puissent profiter de cette modernisation, quels sont les changements législatifs et réglementaires requis?
Le ministère des Finances Canada mène trois initiatives extrêmement avantageuses pour les Canadiens. D’abord, il propose un cadre de surveillance des paiements de détail, lequel instaurera de nouvelles obligations d’enregistrement et de pratiques commerciales pour les entreprises de paiements. Ensuite, les entreprises nouvellement réglementées auront droit d’accéder directement au système de paiements grâce aux modifications apportées à la Loi canadienne sur les paiements. Enfin, en parallèle, il travaille sur la finance axée sur les consommateurs, aussi appelée le système bancaire ouvert, qui donnera aux consommateurs plus de contrôle sur leurs données financières. Ces réformes doivent être codifiées en lois par le Parlement et mises en application par voie de règlements.
Collectivement, ces réformes, de pair avec le système de paiements en temps réel qui sera mis en place prochainement par Paiements Canada, moderniseront et amélioreront énormément les moyens utilisés par les consommateurs chaque jour pour payer. Elles donneront accès à des services financiers novateurs, ce qui stimulera la concurrence.
Qui profitera de ces changements réglementaires? Les consommateurs, les entreprises ou les deux?
Tout le monde sort gagnant de la modernisation des paiements! Les paiements en temps réel permettront aux consommateurs d’éviter de gros frais, comme ceux de découvert ou d’encaissement de chèques, tandis que les petites entreprises pourront libérer des fonds de roulement qui autrement prendraient des jours à débloquer. Le cadre de surveillance des paiements de détail aidera les Canadiens à mieux comprendre les coûts et les modalités des paiements et stimulera la concurrence, ce qui fera baisser les coûts. Les modifications apportées à la Loi canadienne sur les paiements feront une place dans le système de paiements à Wise et aux entreprises canadiennes de technologies de paiement, ce qui permettra d’améliorer les services, de réduire les coûts et d’accroître l’innovation. Enfin, la finance axée sur les consommateurs* permettra à ces derniers de gérer efficacement leurs finances, de profiter de produits et de services financiers adaptés et de prendre de meilleures décisions financières. Quant aux petites entreprises, elles auront accès à des capitaux en fonction de leurs flux de trésorerie. Ces initiatives apportent d’immenses bénéfices, tant pour les consommateurs que les petites entreprises.
Concernant la mission de Wise, faire tomber les frontières de l’argent, quels sont les irritants actuels dans le marché transfrontalier pour les Canadiens?
Wise a vu le jour parce que les paiements transfrontaliers sont pénibles… Ils sont lents, coûteux, peu pratiques et truffés de frais cachés. Nous travaillons pour changer les choses. Aujourd’hui, plus de dix millions de personnes et d’entreprises utilisent Wise pour transférer six milliards de dollars chaque mois. Ces chiffres impressionnent peut-être, mais il s’agit d’une goutte d’eau dans l’océan.
Les travailleurs migrants du Canada qui envoient de l’argent dans leur pays payent en moyenne des frais de 6 % selon Statistique Canada. Les petites entreprises, elles, doivent composer avec de gros frais et de longues périodes d’attente pour leurs transactions internationales : paie, achats, ventes, etc.
C’est pourquoi la communauté internationale, menée par le Fonds international de développement agricole des Nations Unies et la Banque mondiale, a récemment publié un rapport phare contenant des recommandations sur la politique mondiale en matière de transferts de fonds. Dans son Plan d’action, elle avance que les systèmes de paiements en temps réel, l’accès direct aux systèmes de paiements par les entités non bancaires, et la transparence dans la tarification (l’élimination des marges dissimulées sur les taux de change) sont essentiels pour faire baisser les coûts des transactions transfrontalières et les rendre plus accessibles aux consommateurs.
De plus, le Comité sur les paiements et les infrastructures de marché (CPIM), un organe de la Banque des règlements internationaux (BRI), a publié une série de rapports sur les paiements de détail transfrontaliers pour militer en faveur de services plus rapides, moins chers, plus transparents et inclusifs. Dans ses recommandations, le CPIM appelle à la modernisation des paiements, y compris l’accès aux systèmes de paiements par les entités non bancaires.
D’ailleurs, Timothy Lane, sous-gouverneur de la Banque du Canada, a récemment prononcé un discours dans lequel il a souligné l’initiative du CPIM et l’importance d’un « effort national coordonné […] pour apporter des améliorations durables aux paiements transfrontaliers ». Je suis du même avis que le sous-gouverneur : les secteurs public et privé devront faire leur part pour éliminer les irritants importants. C’est réalisable, mais il faut des actions et un engagement en faveur du progrès et de la modernisation.
Comme vous le savez, Paiements Canada lancera son système de paiements en temps réel (PTR) en 2022. Comment ce système aidera-t-il à régler les problèmes transfrontaliers? Et qu’en est-il de la norme ISO 20022?
En 2021, envoyer de l’argent devrait être comme envoyer un courriel : instantané. Mais avant de rendre le paiement instantané partout dans le monde, encore faut-il qu’il le soit au pays. Par exemple, à Wise, nous mettons en place une infrastructure de paiements transfrontaliers en intégrant – directement si possible – les systèmes de paiement locaux d’un peu partout. Si nous avons un système en temps réel des deux côtés, alors nous pouvons déplacer l’argent instantanément au plus bas coût possible. L’accès aux paiements directs signifie qu’aucun intermédiaire ne se prend une cote et n’ajoute du sable dans l’engrenage. C’est ainsi que nous arrivons à effectuer 34 % des transferts instantanément, et 53 % en une heure, à un coût moyen de 0,69 %. Nous sommes fiers des progrès que nous avons réalisés jusqu’à présent, et ce n’est que le début. Les Canadiens bénéficieront bientôt de paiements transfrontaliers plus rapides et économiques grâce à la mise en place d’un système de paiements en temps réel qui ouvre l’accès direct aux entreprises de technologies de paiement.
Et la norme ISO 20022 guide l’élaboration de systèmes de paiement rapides dans le monde entier. La normalisation des formats de message et de l’échange d’information contribuera à atteindre l’objectif des paiements transfrontaliers instantanés et à moindre coût dans une économie mondiale. Une fois adoptée, cette norme sera un atout de taille pour la croissance économique, l’innovation technologique et l’efficacité opérationnelle.
Nous sommes heureux de vous compter parmi nous à notre SOMMET. De quoi parlerez-vous durant votre présentation?
Je suis très heureux de prendre la parole au SOMMET. Je compte souligner l’importance de la modernisation des paiements pour l’avenir des paiements et la prospérité économique des Canadiens. Plus précisément, j’expliquerai pourquoi il est si important que le gouvernement canadien continue de faire avancer quatre initiatives centrales : le cadre de surveillance des paiements de détail, les paiements en temps réel, l’accès au système de paiement par les entités non bancaires, et la finance axée sur les consommateurs*. J’insisterai aussi sur les raisons pour lesquelles le secteur et les autres intervenants doivent continuer à faire pression pour garder la modernisation des paiements sur la bonne voie et qu’elle demeure une priorité absolue pour le Canada. De plus, je présenterai mon point de vue sur la façon dont les efforts de modernisation des paiements au Canada se comparent à ceux du Royaume-Uni, des États-Unis et d’autres pays. J’ai très hâte de vous voir sur la scène virtuelle!
*le système bancaire ouvert
Le SOMMET de Paiements Canada est le rendez-vous par excellence pour rencontrer d’autres professionnels des paiements et échanger sur l’avenir du secteur. Pour entendre l’exposé de Nick Catino et ceux de plusieurs autres chefs de file et innovateurs du secteur des paiements, participez à cet événement virtuel du 31 mai au 4 juin 2021. Inscrivez-vous maintenant.